La dette nationale des États-Unis dépasse 37 000 milliards de dollars – et alors ?

Le 11 août, la dette nationale américaine a officiellement franchi pour la première fois le seuil des 37 000 milliards de dollars.

Ce cap a mis un peu plus de temps à être atteint : il avait fallu seulement 188 jours pour passer de 35 000 à 36 000 milliards, mais 265 jours pour atteindre 37 000 milliards. Cependant, ne vous y trompez pas : la croissance de la dette ne ralentit pas pour autant.

Le gouvernement fédéral avait heurté le plafond de la dette le 1er janvier, ce qui l’empêchait d’emprunter jusqu’à l’adoption du « Big Beautiful Bill » au 1er juillet, qui a relevé le plafond de 5 000 milliards de dollars. À cette date, la dette se situait déjà à 36,2 trillions. Moins de deux mois plus tard, elle avait grimpé de plus de 800 milliards supplémentaires, franchissant la barre des 37 trillions.

Une dette qui explose plus vite que prévu

La croissance de la dette est désormais exponentielle. En 2020, le Congressional Budget Office (CBO) estimait que la dette n’atteindrait pas 37 000 milliards avant… 2030. En réalité, ce seuil a été franchi avec 5 ans d’avance.

Pour rappel, la dette était de 34 000 milliards en janvier 2024, puis de 35 000 milliards en novembre 2024. En juin 2023, lorsque le Congrès avait suspendu le plafond de la dette, elle se montait à « seulement » 31 460 milliards. Depuis, l’administration Biden a ajouté plus de 4 500 milliards de dette en 18 mois. Autrement dit, l’État fédéral brûle environ 500 milliards par mois.

Et les dépenses fédérales ne semblent pas prêtes de ralentir. Selon le CBO, la loi votée en juillet entraînera encore 4 100 milliards de déficit budgétaire supplémentaires au cours des dix prochaines années, ce qui devra être financé par un recours accru à l’emprunt.

Mettre 37 000 milliards en perspective

Un tel chiffre paraît abstrait. Voici quelques comparaisons pour mieux saisir son ampleur :

  • Chaque citoyen américain devrait écrire un chèque de 108 509 $ pour rembourser la dette.
  • En réalité, chaque contribuable devrait s’acquitter de 323 053 $.
  • 37 000 milliards, c’est plus que le PIB annuel combiné de la Chine, l’Allemagne, l’Inde, le Japon et le Royaume-Uni.
  • Un trillion de secondes correspond à environ 32 000 ans.
  • Dépensez 1 million de dollars chaque jour depuis la naissance du Christ, et vous n’aurez toujours pas atteint 1 trillion.
  • Avec 1 trillion, vous pourriez enchaîner des billets de 1 $ de la Terre à la Lune et retour… 203 fois.
  • La dette actuelle, c’est 37 fois cela.

Pourquoi cela importe-t-il ?

Beaucoup pensent que la dette n’est pas un problème. Pourtant, les fondateurs des États-Unis en avaient conscience. James Madison la qualifiait de « malédiction publique », tandis que Thomas Jefferson la décrivait comme « le plus grand des dangers à redouter ».

Concrètement, une dette publique trop élevée ralentit la croissance économique. Selon le National Debt Clock, la dette américaine représente actuellement 123,3 % du PIB. Des études montrent qu’un ratio dette/PIB supérieur à 90 % réduit la croissance d’environ 30 %.

Plus inquiétant encore : un jour, les investisseurs mondiaux pourraient refuser de financer l’endettement américain. Le Bipartisan Policy Center avertit que l’explosion de la dette fragilise la crédibilité du dollar.

Des intérêts qui étouffent le budget

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En juillet, les seuls intérêts de la dette ont coûté 91,9 milliards de dollars. Sur l’exercice budgétaire, cela représente déjà plus de 1 000 milliards – davantage que les dépenses de défense (758 Md$) ou Medicare (823 Md$). Seule la Sécurité sociale dépasse ce montant (1 310 Md$).

La hausse des taux rend ces charges encore plus lourdes. Même si la Fed baisse ses taux directeurs, il est probable que le coût de la dette reste élevé. La seule issue pourrait être un retour au Quantitative Easing (QE), c’est-à-dire des rachats massifs d’obligations par la Réserve fédérale avec de la monnaie créée ex nihilo. Mais cela alimente mécaniquement l’inflation.

Conclusion

Si la dette n’a pas encore déclenché de crise immédiate, cela ne signifie pas qu’elle ne le fera jamais. L’histoire économique montre que les déséquilibres financiers s’accumulent lentement… jusqu’au moment où tout bascule d’un coup.

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