Les investisseurs de Hong Kong triplent leurs réserves d’or
Alors que de nombreux investisseurs occidentaux hésitent encore à se tourner vers l’or, ceux d’Asie, notamment à Hong Kong, augmentent massivement leurs réserves. Découvrez cette tendance qui redéfinit les priorités d’investissement.
Une ruée vers l’or en Asie
Selon une enquête d’HSBC, les résidents de Hong Kong disposant d’actifs investissables entre 100 000 et 2 millions de dollars ont porté leur allocation moyenne à l’or et aux autres métaux précieux à 11 %, contre seulement 4 % il y a un an. Cette hausse reflète un intérêt croissant pour l’or et l’argent, particulièrement en Chine et en Asie en général.
Sur le continent chinois, l’exposition à l’or est encore plus marquée, avec une allocation moyenne de 15 % des portefeuilles, en hausse par rapport à 7 % l’an dernier. Cette tendance s’explique par une hausse de 28 % du prix de l’or au premier semestre de cette année, après une progression de 26 % en 2024, dopée par les achats d’investisseurs asiatiques et des banques centrales.
Des facteurs économiques et géopolitiques
En 2025, les investissements physiques en or ont bondi de 12 % au premier trimestre, atteignant 124 tonnes, soit 38 % de l’investissement mondial en lingots et pièces. À l’inverse, les ventes de pièces et lingots aux États-Unis ont chuté à leur plus bas niveau en cinq ans. Selon le Financial Times, l’or est devenu l’option d’investissement la plus attrayante face à la crise immobilière chinoise et à un marché boursier baissier.
Un gestionnaire de clientèle basé à Shanghai a confié au FT : « C’est comme lorsque les actions montent et que les petits investisseurs se précipitent pour ouvrir des comptes. Avec la flambée des prix de l’or, beaucoup pensent que l’acheter garantit des profits. » Le World Gold Council ajoute que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, combinées à une dépréciation monétaire anticipée, ont stimulé la demande d’or comme valeur refuge, renforcée par les achats continus de la Banque populaire de Chine (PBoC).
Une dédollarisation en marche
En parallèle, les investisseurs de Hong Kong réduisent leur exposition aux liquidités, passant de 33 % à 20 % de leurs portefeuilles en un an, probablement par crainte de l’inflation et dans le cadre d’une dédollarisation mondiale, le dollar restant la monnaie de réserve internationale. Une tendance similaire se dessine dans les réserves des banques centrales, où l’or a récemment dépassé l’euro pour devenir le deuxième actif de réserve mondial.
Cette évolution ne reflète pas un remplacement de l’euro, dont la part reste stable, mais bien une érosion de la domination du dollar. Selon les données récentes du FMI, la part du dollar dans les réserves mondiales a glissé à 57,8 % fin 2024, le niveau le plus bas depuis 1994, après une baisse de 7,3 % sur dix ans (contre 72 % en 2002). L’or s’impose ainsi comme la monnaie de prédilection en Orient, et avec les dérives fiscales et monétaires américaines, l’Occident pourrait bientôt emboîter le pas.