L’argent métal va-t-il s’effondrer comme en 1980 et 2011 ?

Après une hausse fulgurante de plus de 50 % depuis le début de l’année, certains investisseurs craignent que l’argent ne connaisse une correction brutale, comme ce fut le cas après les pics historiques de 1980 et de 2011. Pourtant, d’autres y voient au contraire une opportunité exceptionnelle à long terme.

Les craintes d’un effondrement reposent sur l’histoire : à deux reprises, l’argent a frôlé la barre des 50 $ avant de s’effondrer rapidement. Mais les conditions économiques et monétaires actuelles sont très différentes, laissant penser que cette fois-ci, le mouvement haussier pourrait être durable.

Un marché haussier fondé sur des bases réelles

Les trois grandes vagues haussières de l’argent au cours des six dernières décennies ont été :

  • Le pic spéculatif des frères Hunt en 1980 ;
  • La hausse liée à la politique de quantitative easing après la crise de 2008 ;
  • Et aujourd’hui, un mouvement structurel alimenté par l’inflation, la demande industrielle et la défiance envers les monnaies fiduciaires.

Le seuil symbolique de 50 $ l’once reste une barrière psychologique importante. Tant que ce niveau n’est pas franchi, les investisseurs restent prudents. Mais une clôture durable au-dessus de ce seuil ouvrirait une nouvelle ère pour le métal blanc.

Pourquoi la situation actuelle est différente

En 1980, 50 $ représentaient environ 199 $ ajustés à l’inflation. En 2011, cela équivalait à 72 $ en valeur de 2025. Autrement dit, l’argent reste historiquement bon marché même à 47–48 $ l’once aujourd’hui.

En d’autres termes, le prix actuel n’a rien d’excessif si on le rapporte au pouvoir d’achat ou à la masse monétaire. Selon TradingEconomics, le ratio argent/M2 américain est trois fois inférieur à celui de 2011, preuve que l’argent reste très sous-évalué.

L’argent comparé à l’or et aux autres indicateurs

Un autre indicateur clé est le ratio or/argent. À son sommet en 1980, l’argent valait environ 6,7 % du prix de l’or. En 2011, 3,3 %. Aujourd’hui, ce ratio n’est que d’environ 1,2 %, bien en dessous de la moyenne historique. Cela confirme que l’argent est encore très sous-évalué par rapport à l’or.

De plus, si l’on compare la valeur de l’argent à la dette fédérale américaine — aujourd’hui supérieure à 37 000 milliards de dollars — le métal blanc est encore beaucoup moins cher qu’il ne l’était en 1980 ou 2011. L’argent n’a pas suivi le rythme de l’expansion monétaire, ce qui laisse un potentiel de rattrapage considérable.

Un contexte mondial propice

À l’échelle internationale, la dette mondiale a été multipliée par dix depuis les années 1990, atteignant près de 250 000 milliards de dollars. Cette explosion de la dette alimente les craintes de dépréciation monétaire, poussant de plus en plus d’investisseurs et de banques centrales à se tourner vers les métaux précieux.

Dans ce contexte, l’argent reste un actif tangible et limité, utilisé autant dans l’industrie (panneaux solaires, électronique, batteries) que comme réserve de valeur. Sa double utilité renforce la solidité de la tendance haussière actuelle.

Analyse technique et psychologie du marché

Sur le plan graphique, l’argent forme depuis des décennies une figure dite de cup and handle (tasse avec anse), typique d’un mouvement de long terme avant une explosion haussière. Une clôture nette au-dessus de 50 $ confirmerait ce signal technique majeur.

Une consolidation à court terme — c’est-à-dire une pause dans la hausse — serait même saine pour la suite. Cela permettrait au marché de reprendre son souffle avant de viser des niveaux plus ambitieux, entre 100 et 300 $ selon certaines projections d’analystes indépendants.

Une opportunité générationnelle

Contrairement aux bulles passées, le mouvement actuel repose sur des facteurs structurels : inflation persistante, faibles rendements obligataires et dépense publique record. Ces éléments créent un environnement favorable aux actifs réels comme l’or et l’argent.

En proportion du PIB, de la masse monétaire, de la dette et des marchés boursiers, l’argent n’a jamais été aussi sous-évalué. Si le métal franchit durablement le seuil des 50 $, ce serait un tournant historique comparable à celui de 1979 ou 2009, avec un potentiel de gains considérable à long terme.

Comme le résume le World Gold Council, la rareté physique des métaux précieux, combinée à l’endettement croissant des États, rend inévitable leur réévaluation. Pour beaucoup, 2025 pourrait bien marquer le début d’un nouveau cycle haussier majeur pour l’argent métal.

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